Une brûlure survient quand la peau — parfois les tissus plus profonds — est agressée par la chaleur, un produit chimique, l’électricité ou un rayonnement. Les premières minutes comptent : des gestes inadaptés peuvent enfoncer la lésion, ralentir la cicatrisation et augmenter le risque d’infection. L’enjeu, pour vous comme pour nous à la pharmacie, est d’identifier rapidement la gravité, d’adopter les bons réflexes, puis d’organiser la suite des soins à domicile ou en milieu médical.
Comprendre la profondeur : du rouge douloureux à l’atteinte profonde
Le premier degré est le plus simple à reconnaître : une peau uniformément rouge, sensible au toucher, sans cloques. On pense souvent au coup de soleil. Cette atteinte de l’épiderme est désagréable mais guérit en quelques jours, sans séquelles si l’on protège bien la zone.
Le deuxième degré se décline en deux formes. Superficielle, il forme des cloques tendues et claires, très douloureuses ; profonde, il donne des cloques flasques, parfois teintées, et une douleur parfois paradoxalement moins vive parce que les terminaisons nerveuses ont été partiellement abîmées. Ici, le derme est touché : la guérison prend de dix à vingt et un jours pour une atteinte superficielle, davantage lorsqu’elle est profonde, avec un risque de cicatrices épaisses si l’on ne surveille pas correctement.
Le troisième degré est une urgence : la peau peut paraître blanche, brune ou noire, rigide au toucher, et surtout insensible. Cette anesthésie trahit la destruction des nerfs cutanés ; l’atteinte descend jusqu’à l’hypoderme, parfois plus. Une prise en charge spécialisée et des gestes comme la greffe sont souvent nécessaires.
Certaines zones imposent la prudence, quelle que soit la profondeur apparente : le visage, les mains, les pieds, le cou, le périnée et les plis articulaires. Sur ces localisations, un avis médical rapide évite les complications fonctionnelles et esthétiques.
Mesurer l’étendue : un repère clé de gravité
La surface brûlée oriente la conduite à tenir autant que la profondeur. Chez l’adulte, on parle volontiers de « règle des 9 ». Sans entrer dans un cours d’anatomie, retenez ceci : la tête et le cou comptent pour environ 9 % de la surface corporelle, la face antérieure du tronc pour 18 %, la face postérieure pour 18 %, un bras pour 9 %, une jambe pour 18 %, et la région génitale pour 1 %. Plus simple encore : la paume de votre main, doigts compris, représente environ 1 % de votre surface corporelle ; additionnez ces “paumes” pour estimer l’étendue. Chez l’enfant, la tête occupe proportionnellement plus de place, ce qui modifie les calculs et invite à la prudence.
Certains terrains rendent toute brûlure plus délicate : l’enfant de moins de 5 ans, l’adulte de plus de 60 ans, les personnes vivant avec un diabète, une insuffisance cardiaque ou respiratoire, une immunodépression ou une atteinte rénale. Dans ces cas, n’hésitez pas à demander conseil rapidement.
Situations en cause : chaleur, produits, électricité, rayonnements
En pratique, nous voyons des brûlures par contact thermique (flamme, liquide bouillant, surface métallique chaude), par rayonnement (les UV d’un soleil trop généreux ou, plus rarement, des rayonnements ionisants après radiothérapie), par électrisation, explosion ou accident domestique avec des agents chimiques (eau de Javel, acides, bases). L’ingestion de liquide brûlant peut aussi léser la bouche et l’œsophage : un diagnostic médical s’impose alors.
Les bons réflexes dès les premières minutes
Commencez par couper l’exposition : éloignez la personne de la source de chaleur, éteignez ou étouffez les flammes avec un tissu non synthétique et empêchez-la de courir si ses vêtements brûlent. Prévenez les secours si la situation vous dépasse (18 pompiers, 15 SAMU, 112 numéro d’urgence européen).
Retirez doucement les bijoux et les vêtements autour de la zone — sans arracher ce qui adhère à la peau —, puis refroidissez immédiatement sous un filet d’eau à 15–25 °C pendant une quinzaine de minutes. En chimie, ne déshabillez pas brutalement : découpez autour et rincez longuement. Protégez ensuite la zone avec un linge propre, sec et non pelucheux, et veillez à maintenir la personne au chaud. Évitez de donner à boire ou à manger tant que l’avis d’un professionnel n’a pas été recueilli. Chez le grand brûlé, attention à l’hypothermie : on ne refroidit pas de manière prolongée, on priorise l’appel aux secours.
Ce qu’il vaut mieux éviter
Les « remèdes maison » font souvent plus de mal que de bien. Beurre, huile, pommades diverses ou dentifrice retiennent la chaleur et augmentent le risque d’infection. La glace et l’eau glacée exposent à la gelure et à l’ischémie locale. On ne perce pas les cloques, on ne manipule pas la plaie avec des mains non lavées, on se méfie des désinfectants agressifs comme l’alcool ou l’eau oxygénée, et l’on bannit le coton brut dont les fibres se collent à la lésion.
En un mot : refroidir, protéger, laisser propre.
Soins à domicile : quand et comment
Pour un premier degré limité, la marche à suivre est simple : refroidissement soigneux, séchage en tamponnant, puis application d’un soin apaisant conseillé par votre pharmacien. Si la zone frotte sous les vêtements, un pansement stérile non adhérent améliore le confort. Des antalgiques adaptés peuvent être utilisés en respectant leurs contre-indications.
Pour un deuxième degré superficiel de petite étendue, on prolonge le refroidissement tant que la douleur reste vive, puis on met en place un protocole local validé par un professionnel (pansement gras non adhérent, hygiène stricte, renouvellement régulier). Au-delà d’une atteinte de 10 % chez l’adulte ou de 5 % chez l’enfant, ou si l’atteinte paraît profonde, l’orientation vers un service médical s’impose. Pensez aussi à vérifier votre vaccination antitétanique : à jour, elle vous protège des mauvaises surprises.
Quand appeler les urgences ou consulter sans tarder
Le réflexe d’appel doit être immédiat en cas d’atteinte chez un nourrisson ou un enfant de moins de cinq ans, dès que la surface dépasse les seuils cités, chez la personne âgée, lorsque le visage, les mains, le cou ou le périnée sont concernés, ou encore lorsqu’il s’agit d’une brûlure chimique, d’électrisation, d’explosion ou d’un incendie en lieu clos avec possible intoxication au monoxyde de carbone. Devant un troisième degré, on compose sans hésiter le 15 ou le 112.
Prévenir au quotidien : des habitudes qui changent tout
En cuisine, tournez les manches des casseroles vers le mur, éloignez bouilloires et friteuses de la portée des petits, et évitez les vêtements trop amples. Au barbecue, abstenez-vous d’utiliser des liquides inflammables pour « relancer » les braises. À la salle de bain, testez l’eau avant le bain des enfants et ne les laissez jamais seuls ; un biberon peut paraître tiède à l’extérieur alors que le liquide est brûlant. Avec les produits caustiques, gants et lunettes sont de mise. Enfin, au soleil, limitez l’exposition et adoptez une photoprotection adaptée à votre peau.
Le mot de l’équipe P-Pharma — Une brûlure mal gérée peut laisser des traces durables. Les bons gestes sont simples : refroidir correctement, protéger sans surcharger, puis ajuster les soins au degré et à l’étendue. En cas de doute, passez nous voir à la Pharmacie P-Pharma d’Audun-Le-Tiche : nous vérifions avec vous la conduite à tenir. En cas de doute, et d’urgence, appelez le 15 ou consultez un médecin.

