La sécheresse oculaire n’est pas qu’un léger inconfort. Elle résulte d’un film lacrymal de moins bonne qualité ou en quantité insuffisante, ce qui expose la surface de l’œil aux agressions extérieures et à l’inflammation. En été, de nombreux facteurs — chaleur, vent, climatisation, UV, eau chlorée ou salée, pollens — accentuent l’évaporation des larmes et déstabilisent la couche lipidique protectrice. Résultat : brûlures, picotements, sensation de « grain de sable », rougeurs, vision fluctuante, fatigue visuelle et envie de fermer les yeux en fin de journée.
Ce qui se passe vraiment à la surface de l’œil
Le film lacrymal comporte trois couches complémentaires : une couche mucine qui accroche le film à la cornée, une couche aqueuse qui hydrate et nourrit, et une fine couche lipidique sécrétée par les glandes de Meibomius qui limite l’évaporation. La chaleur et le vent favorisent l’assèchement ; la climatisation réduit l’humidité ambiante ; les UV et les irritants (poussière, sel, chlore) entretiennent une inflammation de bas grade. Si les glandes de Meibomius dysfonctionnent, la couche grasse se raréfie, l’eau s’évapore plus vite, et le cercle vicieux s’installe.
Pourquoi l’été est une période à risque
Les vacances multiplient les situations « asséchantes ». Sur la route ou en avion, l’air pulsé et la clim sont dirigés vers le visage. À la plage, le vent et la réverbération UV agressent l’œil. À la piscine, le chlore irrite la conjonctive ; en mer, le sel déstabilise le film lacrymal. Les activités en plein air, la poussière, la fumée de barbecue et les pollens s’ajoutent à la liste. Enfin, on boit parfois moins d’eau qu’on ne le croit, ce qui contribue à une déshydratation générale et… oculaire.
Facteurs personnels qui augmentent le risque
Certaines personnes sont plus exposées : porteurs de lentilles, utilisateurs réguliers d’écrans (clignements plus rares), femmes après la ménopause, seniors, antécédents de chirurgie réfractive, maladies auto-immunes, rosacée, ou prise de certains médicaments (antihistaminiques, antidépresseurs, isotréinoïne, bêtabloquants, diurétiques, anticholinergiques). Si vous vous reconnaissez, redoublez de prévention en été.
Différencier sécheresse, allergie et conjonctivite
La sécheresse donne volontiers une vision fluctuante qui s’améliore après clignement, une sensation de sable, parfois des larmoiements « réflexes ». L’allergie s’accompagne plutôt de démangeaisons, de paupières gonflées et d’éternuements associés. La conjonctivite infectieuse entraîne souvent des sécrétions collantes et une contagiosité. En cas de doute, mieux vaut un avis professionnel : un traitement inadapté peut aggraver l’irritation.
Gestes simples pour traverser l’été sans yeux qui tirent
Protéger mécaniquement
Les lunettes de soleil enveloppantes (catégorie filtrante adaptée) et un chapeau limitent UV, vent et poussières. À la plage ou à vélo, ce bouclier fait une vraie différence. Évitez les jets d’air direct des ventilateurs ou de la clim sur le visage ; orientez-les au-dessus ou à côté.
Réhydrater… et limiter l’évaporation
Buvez régulièrement tout au long de la journée. Pour l’œil, privilégiez des larmes artificielles sans conservateur lorsque l’usage est fréquent ; les formats unidoses sont pratiques en déplacement. Si l’inconfort est surtout lié à l’évaporation (yeux secs plus tard dans la journée, gêne au vent), un spray liposomal pour paupières ou un collyre à phase lipidique peut aider à stabiliser la couche grasse du film lacrymal. Le soir, un gel peut prolonger l’hydratation.
Soigner les paupières
La qualité du film lacrymal dépend du bon fonctionnement des glandes des paupières. Des compresses tièdes (quelques minutes) suivies d’un massage doux des bords palpébraux, puis d’une hygiène des cils (lingettes ou solution adaptée) fluidifient les sécrétions et améliorent la couche lipidique. Ce rituel est particulièrement utile en cas de dysfonction des glandes de Meibomius ou de blépharite.
Adapter lentilles, écrans et activités
En piscine, privilégiez des lunettes de natation ; en mer, rincez l’œil à l’eau douce après baignade. Avec des lentilles, respectez l’entretien et les temps de port ; en cas d’irritation, basculez temporairement sur des lunettes et utilisez un collyre compatible lentilles si nécessaire. Devant les écrans, la règle du 20-20-20 (toutes les 20 minutes, fixer un point à 6 m pendant 20 secondes) et le fait de cligner volontairement évitent la stagnation du regard. Un humidificateur peut aussi soulager les intérieurs très secs.
Nutrition et environnement
Un apport régulier en oméga-3 (poissons gras, certaines huiles et compléments spécifiques) peut soutenir la qualité lipidique du film lacrymal. Évitez la fumée et les atmosphères poussiéreuses. Méfiance avec les « gouttes anti-rougeur » vasoconstrictrices en automédication : elles peuvent masquer un problème et entretenir un phénomène de rebond. Demandez conseil avant d’en utiliser.
Quand s’inquiéter ? Les signaux à ne pas ignorer
Une douleur importante, une baisse d’acuité visuelle, une photophobie marquée, un traumatisme ou une projection de produit chimique imposent un avis médical en urgence. Si les symptômes de sécheresse persistent au-delà de quelques jours malgré les mesures simples, ou s’ils s’aggravent, consultez. Non prise en charge, la sécheresse peut évoluer vers une kératite, des érosions cornéennes et une vulnérabilité accrue aux infections — avec, à la clé, une vraie altération de la qualité de vie.
Ce que l’équipe officinale peut faire pour vous
En période estivale, l’accompagnement en pharmacie fait gagner du temps et du confort. L’équipe peut :
- vous orienter vers la forme de collyre la plus adaptée (aqueux, lipidique, gel, spray) et vérifier la compatibilité lentilles ;
- vous aider à bâtir une routine palpébrale simple et efficace ;
- repérer les situations qui nécessitent un avis ophtalmologique rapide ;
- faire le point sur vos médicaments et leurs effets possibles sur la sécheresse ;
- proposer des mesures pratiques pour vos trajets, activités nautiques ou usage d’écrans.
En résumé
L’été cumule chaleur, vent, climatisation, UV et baignades : tout ce que la sécheresse oculaire n’aime pas. Des gestes de protection, une bonne hydratation, des larmes artificielles bien choisies et une hygiène palpébrale régulière permettent souvent de passer le cap. Mais il ne faut pas banaliser ces symptômes. Ne négligez pas une sécheresse oculaire : consultez un ophtalmologue dès que possible, surtout en cas de douleur, de baisse de vision ou de gêne persistante. Et si le rendez-vous tarde, passez à la pharmacie P-Pharma d’Audun-Le-Tiche : nos pharmaciens vous conseilleront immédiatement la prise en charge la plus adaptée et vous orienteront si nécessaire vers un spécialiste.

