La rétention d’eau n’est pas qu’un désagrément esthétique. Elle signale un déséquilibre entre les liquides qui sortent des vaisseaux et ceux qui y retournent. Chaleur, station debout prolongée, variations hormonales, sédentarité, certains médicaments, mais aussi une alimentation trop salée favorisent l’accumulation d’eau dans les tissus. La bonne nouvelle, c’est que l’assiette peut vraiment aider : l’objectif est de limiter le sodium, d’augmenter l’apport en potassium, eau, fibres et magnésium, tout en conservant des protéines suffisantes pour soutenir le retour des liquides vers la circulation.
Le mécanisme en deux mots : sodium contre potassium
Le sodium retient l’eau : plus l’apport est élevé, plus l’organisme stocke de liquide. À l’inverse, le potassium contrebalance cet effet en facilitant l’élimination urinaire du sodium et en stabilisant l’équilibre hydrique cellulaire. En pratique, viser moins de 5 g de sel par jour (soit moins de 2 g de sodium) et augmenter les aliments naturellement riches en potassium aide à rétablir le ratio. Attention toutefois : en cas de maladie rénale ou cardiaque ou de traitements exposant à l’hyperkaliémie, on ne modifie pas ses apports sans avis médical.
Les familles d’aliments à mettre en avant
Fruits et légumes riches en eau… et en fibres
Pastèque, melon, concombre, tomates, agrumes, courgettes : ces aliments très aqueux participent à l’hydratation et apportent des fibres. Les fibres favorisent l’élimination de l’excès de sel via le transit et lissent les pics glycémiques qui peuvent amplifier les variations hydrosodées.
Sources naturelles de potassium
Les légumes verts (épinards, blettes), légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots), tubercules (pomme de terre, patate douce), fruits (banane, abricot, kiwi, avocat), tomates et oléagineux non salés sont de très bonnes sources. Concrètement, remplir la moitié de l’assiette de végétaux, intégrer régulièrement des légumineuses et alterner tubercules et céréales complètes améliore déjà l’équilibre potassium/sodium.
Magnésium et vitamine B6 : utiles surtout en rétention prémenstruelle
Chez certaines femmes, la rétention cyclique liée au syndrome prémenstruel peut être atténuée par un statut correct en magnésium (parfois associé à la vitamine B6). L’effet reste modeste et variable, mais miser d’abord sur l’assiette — oléagineux non salés, légumineuses, céréales complètes, cacao peu sucré, poissons — est une bonne stratégie. Une supplémentation éventuelle se discute au cas par cas avec un professionnel.
Protéines : l’allié discret
Un apport protéique trop faible, notamment chez la personne âgée ou dénutrie, peut favoriser des œdèmes par baisse de la pression oncotique (hypoalbuminémie). Sans excès, prévoir une portion de protéines de qualité à chaque repas (poisson, œufs, volailles, produits laitiers, ou légumineuses + céréales en version végétarienne) contribue à une meilleure répartition des liquides.
Les aliments à reléguer à l’occasionnel
La bataille se gagne surtout en réduisant le sel “caché”. Charcuteries, fromages très salés, pains et biscottes, sauces et condiments, plats préparés, soupes industrielles, snacks apéritifs… tous ces produits sont souvent riches en sodium. Lire les étiquettes et privilégier des aliments peu transformés permet de rester sous le seuil recommandé. Méfiance également avec les sels de substitution à base de potassium : utiles pour certains, ils sont déconseillés à d’autres (insuffisance rénale, certains traitements). Là encore, demandez conseil avant d’en utiliser.
Une journée type dans l’assiette
Au petit-déjeuner, un bol de fromage blanc ou un yaourt nature accompagné de flocons d’avoine, de fruits frais (kiwi, agrumes) et d’amandes non salées offre eau, fibres, potassium et magnésium.
À midi, une généreuse salade de lentilles avec tomates, concombre, herbes fraîches, huile d’olive et un filet de citron, complétée d’un blanc de volaille ou de tofu, conjugue protéines et aliments hydratants.
Dans l’après-midi, une banane et un carré de chocolat noir (peu sucré) renforcent l’apport en potassium et magnésium.
Le soir, un poisson au four avec patate douce rôtie et épinards sautés, suivi d’un fruit très aqueux (melon, pastèque selon la saison), apporte fibres, potassium et protéines tout en restant raisonnable en sodium.
Et tout au long de la journée, l’eau reste votre meilleure alliée : buvez régulièrement, sans attendre la soif.
Trois gestes culinaires qui changent tout
Cuisiner maison le plus souvent possible réduit mécaniquement les apports en sodium. Rincer les légumineuses et légumes en conserve élimine une partie du sel de la saumure. Enfin, assaisonner autrement — herbes, épices, agrumes, vinaigre, yaourt — entretient la saveur sans surcharger en sel et, au fil des semaines, recalibre le palais.
Et si ça ne dégonfle pas ?
La rétention d’eau est souvent bénigne, mais elle peut révéler une insuffisance veineuse, un effet indésirable médicamenteux ou, plus rarement, une atteinte cardiaque, rénale ou hépatique. Un début brutal, une douleur unilatérale, un essoufflement, une prise de poids rapide ou des œdèmes persistants imposent un avis médical. En cas de syndrome prémenstruel, la piste magnésium/B6 peut se discuter, mais elle ne remplace pas les mesures diététiques de base.
À retenir
Miser sur des fruits et légumes riches en eau, des sources naturelles de potassium, un bon statut en magnésium, des protéines de qualité et moins de sodium constitue la base pour limiter la rétention d’eau par l’alimentation. L’objectif n’est pas de se priver, mais de rééquilibrer. Si les gonflements persistent ou s’accompagnent de signes inhabituels, consultez. En attendant un rendez-vous, l’équipe P-Pharma est disponible pour un bilan personnalisé et des conseils pratiques.

